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ANNIE LEIBOVITZ
Coaching en développement personnel et professionnel

"Ces rabat-joie qui détestent les cadeaux"


Paru dans Le Figaro - 21/12/2023 à 14:53 - Nos conseils psychologie au quotidien

Par Aurore Aimelet

Ces rabat-joie qui détestent les cadeaux

PSYCHOLOGIE -Pour certains, recevoir un présent n’est pas du tout un moment agréable. Comment peut-on apprendre à mieux gérer cette angoisse ?

Tout le monde aime les cadeaux. Vraiment ? Sarah, 43 ans, les redoute : « Quand on m’offre quelque chose, et même si ça me plait, je suis gênée, je ne sais pas quoi dire. Ce malaise suffit à gâcher le moment. Je préfère mille fois en faire moi-même ! » Une réflexion qui n’étonne pas Serge Ciccotti, docteur en psychologie et chercheur à l’Université de Bretagne Sud : « Les études en psychologie sociale montrent qu’il éprouve plus de plaisir à offrir un cadeau qu’à le recevoir. Comme l’argent qui ne fait jamais tant le bonheur que quand on le donne, ou l’aide qu’on porte aux autres et qui in fine nous valorise. » La satisfaction de procurer de la joie dure plus longtemps. Dans un article publié par la revue Psychological Science, deux chercheurs prouvent ainsi que le sentiment de bonheur diminue beaucoup plus lentement quand les participants font des cadeaux plutôt que lorsqu’ils les reçoivent. Ils s’en souviennent davantage. 

Une estime de soi fragile 

Tout le monde aime donc faire des cadeaux. Les accueillir, pas toujours, puisqu’ils présentent à peu près le même problème que le compliment. « Recevoir un présent comme des éloges n’est pas anodin : tous deux confrontent le destinataire à sa valeur symbolique » explique Annie Leibovitz, consultante et coache, autrice de La boîte à outils de la confiance en soi (Dunod). Et on peut vite se dire qu’on ne le ou les mérite pas. « Le manque d’estime de soi trouve souvent sa source dans le passé, reprend-t-elle. Quand enfant on a reçu peu de valorisation et de reconnaissance, on peut avoir du mal à les accepter devenu adulte. » A contrario, on peut aussi avoir une haute idée de soi-même et dès lors estimer mériter davantage. « Certains ont des croyances rigides sur la façon dont les autres doivent se comporter dans la vie ou à leur égard. Ces croyances se transforment en exigences qui, lorsqu’elles ne sont pas comblées, entraînent de l’agressivité » relève Serge Ciccotti. Cependant, à y regarder de plus près, il s’agit toujours d’une problématique d’estime de soi, le « trop » étant souvent le revers du « pas assez », et représentant encore une mauvaise évaluation de soi-même.

Dans un sens ou dans l’autre, on cogite n’importe comment. Comment accepter un cadeau qui dit une valeur que l’on ne s’accorde pas ou qui ne dit pas celle sur laquelle on comptait ? Voilà pourquoi on se méfie de son message, quitte à rapidement le considérer empoisonné. « Je me souviens encore de l’aspirateur offert par mes parents il y a deux ans, raconte Emmanuelle, 35 ans. Le mien venait de me lâcher et ma mère voulait m’aider. Mais sur le moment, je l’ai très mal pris. J’aurais préféré quelque chose de plus personnel. » On projette tant de soi qu’en ouvrant le paquet, on pourrait en effet pleurer ou se mettre en colère « Ces émotions fortes sont étroitement liées aux sentiments qu’on éprouve à son égard et nourrissent le doute, plonge dans l’insécurité » estime Annie Leibovitz. Ce cadeau dit décidément trop de choses que l’on préférerait soustraire aux paires d’yeux inquisiteurs qui s’attendent à lire notre plaisir -et à recevoir des remerciements.

Fâchés avec le rituel

S’il est désagréable, c’est aussi parce que le cadeau piège dans un processus d’échange. « On peut redouter d’être redevable, comme si cela nous mettait en dette, une dette psychologique inconsciente. On craint dès lors de dépendre de l’autre, de lui devoir quelque chose en retour » poursuit-elle. Le présent renforce le lien, ce qui prive de liberté et finalement rend vulnérable. « Accepter un cadeau, c’est se mettre dans la position d’en faire un à son tour, selon la norme de réciprocité. D’ailleurs, les véritables radins ne veulent surtout pas qu’on leur offre quoi que ce soit ! » observe Serge Ciccotti.

C’est enfin le côté conventionnel qui, selon certains, est détestable. « Cette avalanche de cadeaux à Noël est absurde, déplore ainsi Stéphane, 54 ans. Les enfants les ouvrent les uns après les autres, ça n’a plus aucun sens. Pour les adultes, c’est la corvée du mois de décembre ! On finit par attraper un truc à la va-vite et ça ne rend personne, heureux. » Dans une étude publiée dans le Journal of Consumer Psychology, une équipe de chercheurs attribue les déceptions à l’habitude : lorsqu’on s’attend à recevoir un cadeau pour une occasion spéciale, sous le sapin ou pour son anniversaire, on anticipe un plaisir… qu’on n’éprouve pas toujours. En revanche, lorsqu’on est pris par surprise, on est plus enclin à se réjouir de ce que l’on reçoit. 

Pour éviter de passer pour un rabat-joie pendant les fêtes, il faudrait changer de regard, non pas sur l’objet mais sur soi. « Ne pas remettre systématiquement en doute la sincérité de la personne qui vous fait un cadeau ou un compliment, conseille Annie Leibovitz. Célébrer ses propres succès, prendre conscience de sa valeur, de ses forces.  Agir comme si l’on était son propre ami ou conjoint et s’accorder à soi-même ce qu’on accorderait aux autres. » Et si la clé était de s’offrir un cadeau à soi-même plus régulièrement, tout au long de l’année, sans attendre de le mériter ou une date clé ? 


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